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Les Ours en France

L’ours brun, un animal emblématique de la faune française, connaît un retour remarquable dans les Pyrénées après avoir frôlé l’extinction dans les années 1990. Ce regain de population est dû aux efforts de conservation et de réintroduction menés par les gouvernements français et espagnol, ainsi que par des organisations de protection de la biodiversité telles que FERUS et l’Office français de la biodiversité (OFB). Cependant, la présence de l’ours brun suscite également des controverses et des tensions entre les défenseurs de l’environnement et certains acteurs locaux tels que les éleveurs et les chasseurs.

Histoire de l’ours en France

L’ours brun est un animal autochtone de la faune française, présent en Europe depuis au moins 250 000 ans. À l’époque romaine, l’ours brun était encore présent partout en France, en plaine comme en montagne. En quelques siècles, la chasse et le déboisement ont décimé les populations de plaine. Dès le Moyen-Âge, l’ours ne se rencontre plus que dans les massifs montagneux de l’est, du sud et du centre de la France.

Le déclin de l’ours s’est poursuivi ensuite à cause de la chasse, du braconnage, de l’empoisonnement, de la dégradation et de la destruction de son habitat, au point de conduire l’espèce au bord de l’extinction. Depuis le milieu du XXe siècle, l’ours n’est plus présent que dans les Pyrénées.

L’ours dans les Pyrénées

Les causes du déclin de l’ours pyrénéen sont identiques à celles de sa disparition dans les autres massifs français. Dans les années 1950, on estime qu’il y avait encore 70 ours, répartis sur l’ensemble du massif. En 1960, la population ursine se fragmente en deux noyaux, l’un à l’ouest (Pyrénées occidentales) et l’autre au centre (Pyrénées centrales). Au tout début des années 1990, le dernier ours des Pyrénées centrales disparaît. En 1995, l’effectif de la population pyrénéenne n’a jamais été aussi faible, avec 5 individus dont une seule femelle, entre les vallées d’Aspe et d’Ossau.

Face à ce constat dramatique, il a été décidé de procéder au renforcement de la population d’ours bruns des Pyrénées, notamment grâce à l’association Artus (devenue depuis FERUS) et à la commune de Melles (Haute-Garonne).

La réintroduction et le renforcement de la population d’ours

Après des études minutieuses, la Slovénie a été choisie comme pays source pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les ours slovènes sont génétiquement très proches des ours pyrénéens, tout comme leur milieu de vie. Ensuite, la situation sanitaire des animaux est connue et bonne. Enfin, la Slovénie est habituée aux opérations de capture d’ours.

En 1996/1997, trois ours ont été capturés dans la réserve de Medved (sud de la Slovénie) et relâchés sur la commune de Melles (Haute-Garonne). Mellba sera tuée par un chasseur alors qu’elle était accompagnée de ses deux oursons.

Suite à l’émotion suscitée par la mort tragique de l’ourse Cannelle, dernière femelle de souche pyrénéenne abattue par un chasseur en vallée d’Aspe le 1er novembre 2004, cinq nouveaux ours slovènes sont relâchés en 2006 dans les Pyrénées centrales.

En juin 2016, le mâle Goiat est relâché dans les Pyrénées espagnoles dans le cadre d’un programme initié par la Generalitat de Catalogne.

En 2018, deux femelles sont lâchées dans le Béarn, 14 ans après la mort de Cannelle. C’est la première fois que des ours sont lâchés dans ce secteur historique de la présence de l’ours.

Situation actuelle et suivi de la population

En 2021, 70 ours ont été détectés dans les Pyrénées. 15 oursons (8 portées) ont été comptabilisés. La population est en légère hausse mais reste fragile.

Pour suivre la population d’ours dans les Pyrénées, il faut être discret. Les chercheurs de l’OFB savent lire les signes laissés par les plantigrades, comme les excréments ou les poils accrochés aux troncs d’arbres. « C’est à partir de ces échantillons qu’on peut déterminer le nombre d’individus dans les Pyrénées, les liens de parenté et la reproduction », explique Pierre-Luigi Lemaitre, coordinateur du réseau ours brun de l’OFB.

La population est documentée par 450 observateurs, dont la moitié de bénévoles, qui permettent de bien connaître les comportements de l’animal.

Collaboration franco-espagnole

Les experts échangent ensuite ces informations avec leurs homologues espagnols, car le plantigrade vit entre les deux pays, sur plusieurs milliers de kilomètres carrés.

Les menaces pesant sur l’ours

Malgré les efforts de conservation, plusieurs menaces pèsent toujours sur l’ours brun dans les Pyrénées :

  • Faiblesse des effectifs
  • Braconnage
  • Accidents entre chasseurs en battue et ours
  • Consanguinité
  • Trafic routier
  • Perturbation
  • Fragmentation et cloisonnement des massifs montagneux

La cohabitation entre l’ours et les activités humaines

Même si elle est défendue par l’État et les associations de protection de la biodiversité, la présence de l’ours brun n’est pas du goût de tous. Des éleveurs, chasseurs et élus locaux protestent régulièrement, notamment à cause des dégâts sur les troupeaux. En 2021, selon l’OFB, l’ours a tué ou blessé 570 animaux, essentiellement des brebis.

Les mesures de conservation et de gestion de l’ours en France

Le plan d’actions Ours Brun 2018-2028 vise à assurer la préservation et la gestion de la population d’ours bruns dans les Pyrénées. Il s’appuie sur plusieurs axes, notamment le suivi de la population, la prévention des conflits avec les activités humaines et la sensibilisation du public à la présence de l’ours.

Conclusion

Le retour de l’ours brun dans les Pyrénées françaises est un succès pour la conservation de la biodiversité dans la région. Toutefois, il est essentiel de continuer à soutenir les efforts de préservation de l’espèce et de promouvoir la cohabitation entre l’ours et les activités humaines pour assurer l’avenir de cette population emblématique.

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